CONFERENCE "IMPERIUM ET LIBERTAS" DU 20 FERVRIER 2010
CINQUANTENAIRE DES INDEPENDANCES AFRICAINES
Cycles de conférence Héros des Indépendances
IMPERIUM ET LIBERTAS
« Manipuler l’histoire c’est manipuler la conscience ; manipuler la conscience c’est manipuler les possibilités ; manipuler les possibilités c’est manipuler le pouvoir » Amos N. Wilson
« Nos enfants peuvent apprendre à propos des héros du passé. Notre tache est de faire de nous-mêmes les architectes de notre futur. » Jomo Kenyatta
1960 a été pour beaucoup de pays africains l’année des indépendances. Il convient de parler des indépendances car elles ont été multiformes selon les zones géographiques. Sans faire de la querelle sémantique, tout le monde s’accorde à reconnaitre que le vocable indépendance consiste à dire que les pays africains sont devenus membres des nations unies. Si cette définition minimaliste de l’indépendance est indiscutable, elle ne satisfait pas tous les africains qui pensent que l’indépendance doit signifier autre chose.
Ainsi, lorsque l’on parle des célébrations du cinquantenaire des indépendances africaines, cette dimension sémantique ne peut être écartée d’un revers de la main. Ces célébrations sont pour les générations qui sont nées après les indépendances, l’occasion de faire le bilan d’un combat multiséculaire, la longue lutte pour la liberté et la dignité de l’homme en général, et de l’homme africain en particulier.
Le parti pris dans de nos cycles de conférences pendant ces célébrations, est de faire connaitre les hommes et les femmes qui se sont illustrés par leur héroïsme dans ce long combat pour la liberté et de déconstruire les mécanismes intellectuels et spirituels qui ont été à l’origine de l’impérialisme colonial. Il ne s’agit pas ici d’un « simple devoir de mémoire », car les enjeux pour les générations présentes et futures dépassent ces considérations.
Bien entendu, la mémoire est au cœur des enjeux qui sont présents dans les célébrations du cinquantenaire : c’est un enjeu majeur. Nous ne pouvons pas maîtriser notre destin, notre destination, si nous ne maîtrisons pas la connaissance de notre passé : d’où venons-nous culturellement, moralement et intellectuellement ? Nos nations viennent de loin, et nous n’avons pas encore collectivement émergé à la mesure de ce que nous sommes réellement.
L’historien Jon E. Lendon, diplômé de l’Université de Yale nous a fait comprendre à la lumière de l’histoire antique, que « ce n’est ni le métal, ni le progrès technique, qui, mille ans durant, eurent raison de l’ennemi ; mais la mémoire des victoires passées, la référence aux pères, aux traditions. Les vainqueurs antiques étaient hantés par le souvenir de leurs héros. »
Avoir la mémoire du passé n’est pas une fin en soi, il s’agit ici de savoir capitaliser notre héritage, l’héritage que nous ont légué ces héros de la liberté.
Ces célébrations seront à la fois, l’occasion de se réapproprier l’héritage de ces « freedom fighters noirs», de savoir ce qui en a été fait après les indépendances, et enfin ce que nous devons en faire.
Les combattants de la liberté nous ont appris l’importance de connaitre notre ennemi : ceux qui n’ont pas eu la capacité de connaitre ont échoué face à l’adversaire.
Le père de l’indépendance du Cap Vert et de la Guinée Bissau, Amilcar Cabral disait à ce propos : « Quel est cet ennemi qui nous domine ? Qui s’entête à nous dominer, au mépris de toutes les lois, de la légalité et de la morale internationale de nos jours ? Cet ennemi ce n’est pas le peuple portugais (français, espagnol, américain, italien, hollandais…), ce n’est même pas le Portugal lui-même : pour nous, combattants de la liberté des colonies portugaises, cet ennemi c’est le colonialisme portugais représenté par le gouvernement colonial-fasciste du Portugal. Mais évidemment un gouvernement est aussi en quelque sorte le résultat de conditions historiques, géographiques, économiques, du pays qu’il gouverne. »
Les séquelles intellectuelles de ce passé colonial sont encore présentes chez les anciens peuples colonisés et au sein des nations des anciennes puissances colonisatrices : le racisme, le complexe d’infériorité et de supériorité. Ces séquelles sont un frein au développement et à un réel dialogue interculturel. Rejoignez-nous dans ces réflexions pour consolider notre héritage en vue d’un futur radieux et prospère pour nos nations du sud et du nord.
Le cadre de notre réflexion comprendra les pays colonisés par la Grande Bretagne, la France, le Portugal et l’Espagne.
Nous ne pourrons pas entamer ces conférences sans aborder la révolution Haïtienne de 1791, dont l’impact historique est sans précédent dans le monde.